Strates  · ESTAMPES · Stries

8 – 23 novembre 2002

Galerie Rosa Turetsky, Genève

Des couleurs légères comme des vibrations

La Genevoise Geneviève  Laplanche produit un travail de graveur attentif aux moindres tonalités de la couleur, aux qualités du papier japonais, léger, souple, velouté, à peine translucide, à l’impact de l’encre. Résultat, un travail soyeux et soigneux, dont parle avec bonheur Florian Rodari dans le carnet qui accompagne l’exposition des estampes récentes à la Galerie Rosa Turetsky à Genève. Ces estampes ne portent nul motif, seulement des teintes. Des teintes dont l’éclat se voit obscurci par la superposition d’autres feuilles, imprégnées de couleurs plus foncées, tout comme les nuages obscurcissent un ciel clair.

Toujours, les «mille-feuilles» accrochés aux cimaises, accrochés en haut seulement, de manière à laisser voler et respirer l’œuvre, qui réagit au moindre courant d’air, toujours donc ces mille-feuilles arborent, pour peau la plus extérieure, une teinte sombre, bleu nuit, noire. Ainsi semble-t-il au spectateur sentir pulser et vibrer une vie intérieure, qu’il perçoit selon les soulèvements du papier, selon ses propres déplacements, une vie orangée, jaune, mauve, rouge sang.

Et comme les feuilles rectangulaires ne sont pas imprimées, mais encrés à la main, au rouleau, la couleur vibre, d’autant plus. En parallèle, Geneviève Laplanche continue de graver, sur le même papier japonais, laissé vierge par ailleurs, des scènes avec corps en mouvement, en lutte, des dessins d’académie doublement animés : au mouvement suggéré des muscles et des membres pliés s’ajoute le mouvement obtenu par une semblable superposition de feuillets semi-transparents, qui permet aux corps représentés de s’imbriquer littéralement, de dialoguer, de se combattre, de s’unir.

Laurence Chauvy – « Geneviève Laplanche superpose des papiers japonais » – Le Temps, 12 novembre 2002

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Les monochromes polychromes de Geneviève Laplanche.
Une simple (?) superposition de feuilles colorées. Dans ces œuvres, l’essentiel est ce qui ne peut être vu ; non qu’il soit voilé, mais constitué d’emblée ; quelque chose d’inépuisable au regard : sous l’unique, le multiple ; sous l’idée claire, la profusion sensorielle ; dans la subtilité, la force ; dans la rigueur, la volupté.
Ce qu’on sait être beau dérobé à la jouissance immédiate : la fascination.
Une technique d’impression élaborée, qui ne s’impose pas en tant que telle, donne à l’œuvre une résonance en profondeur.
N’y aurait-il pas dans cette œuvre, au delà de sa rigueur conceptuelle et de son exigence technique, quelque chose d’essentiel, quelque chose de semblable à ces trésors secrets que l’enfance ou les magies primitives, ignorantes de l’ostentation, du paraître et du faux, se constituent, éternellement?

Thérèse Houyoux – site Galerie Rosa Tuuretsky

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Texte du catalogue de l’exposition SUERTES, Florian Rodari