STRATES V – XXIII

Xylographie sur japon Nao: feuilles superposées, 2000 – 2006
ff. 100 x 60 cm
Edition I/I

La couleur n’est pas une donnée simple et indivisible, ni la matière qui donne corps à sa lumière. Mais comment restituer cette complexité dans toute son épaisseur physique, perceptive, imaginaire, quand on est graveur? – seulement graveur, hélas (dira-t-on ironiquement), mais de ce fait rompu aux passages, aux superpositions. C’est la gageure que tient Geneviève La planche ( 1955) dans la série des Strates, 2000-[2002], assemblages de feuilles de japon Nao superposées comme autant d’aplats monochromes imprimés xylographiquement. Non seulement elle tire parti de la couleur propre à l’estampe, sèche et vibrante, mais elle atteint à une autre présence, celle de l’œuvre. Ces sept pièces nouvelles se lisent à la fois frontalement – la superposition des couches donne ici une idée, peut-être encore voilée, de ce que recèle de paramètres la profondeur pigmentée – et légèrement de biais – car la «tranche» laisse apparaître aussi concrètement que fantasmatiquement (la tête recompose l’optique) des lisérés et des bords de corolles aux couleurs tour à tour accordées et disjointes. […]
(1)

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Ces estampes, « dont le seul motif est la couleur » (2), laissent voir les rainures du bois et les passages du rouleau-encreur.

Les feuilles, imprimées au recto et au verso au rouleau, subissent plusieurs passages de couleur. L’encre traverse l’épaisseur du japon très léger, faisant  vibrer les teintes des encrages successifs.

Elles sont présentées au mur, en feuillets libres, maintenues uniquement par deux aimants en leurs coins supérieurs.

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(1) Expositions et accroissements du Cabinet des estampes en 2001 – Rainer Michael Mason • Christophe Cherix, p. 459 – GENAVA, revue d’histoire de l’art et d’archéologie, Musée d’art et d’histoire / Georg éditeur, Genève, n.s. L, 2002

(2) * Justine Moeckli, ‘Dictionnaire des artistes carougeois’, 2009

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Collections :
Genève, Cabinet des estampes – Fonds d’art contemporain – Fonds municipal d’art contemporain
Liège, Cabinet des estampes

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Chaque pièce est constituée de plusieurs feuilles de papier japon (3 types de papier plus ou moins légers) estampée à l’encre d’imprimerie sur toute leur surface à partir d’une planche de bois non gravée, mais dont les linéatures du bois sont apparentes si l’encrage est léger.
Souvent, plusieurs passages et superpositions d’encre de teintes différentes sont accumulés sur une même feuille, créant des modalités de tons divers. 
Généralement, la feuille supérieure – exposée dans sa totalité au regard – est sombre: noirâtre, anthracite ou rouille. Les teintes vives – en-dessous – se laissent deviner et se découvrent par tranches, si les papiers se soulèvent, mus par un courant de l’air.
Son accrochage favorise cette liberté du papier. Hormis les coins supérieurs tenus par deux petites plaques d’aimants, les feuilles restent libres sur toute la surface. Une légère brise de l’air les soulève, dévoilant un instant les couches inférieures.
Composée à partir d’une même matrice, encré de la même manière, chaque feuille est cependant différente. Teintes et textures diffèrent selon l’encrage et le papier employé. Chaque ensemble est unique et donc justifié I/I.
(GL – 2004)